Michel Segonzac, bestiologue des grands fonds

Michel Segonzac ne passe pas inaperçu. C'est un personnage, un physique. Ce n'est pas pour rien qu'en 1998, lors des trente ans du centre de Brest, sa photo a été choisie comme emblématique du chercheur. Imaginez : un barbu arborant un catogan, l'oeil rivé sur le microscope. Et quand vous avez la chance de le rencontrer, ce sont son accent chaleureux du sud-ouest et sa voix rocailleuse qui s'imposent. Il dégage une grande vivacité et un dynamisme communicatif, mais pour autant le scientifique n'en est pas moins sérieux, calme et posé, surtout quand il parle de ses bestioles, comme il dit. 

 

Michel Segonzac a concrétisé à la fin de sa carrière le rêve de beaucoup de chercheurs en zoologie : découvrir un animal inconnu. Il a même acquis une gloire planétaire grâce au spécimen d’une espèce nouvelle, baptisée Galathée Yéti, dont la photo a fait le tour du monde en 2006.

Michel Segonzac a été embauché en 1974 pour monter et gérer un laboratoire, le Centre national de tri d’océanographie biologique (Centob), un partenariat entre le Muséum d’histoire naturelle de Paris et le Centre national pour l’exploration des océans (Cnexo). Son métier, c’est la taxinomie, c’est-à-dire la description et la classification des espèces animales. Une activité qui alterne campagnes à la mer et travail de tri en laboratoire, à la fois routinier et exaltant lorsque de nouveaux spécimens sont identifiés. Le tout ponctué par des échanges continus avec des taxinomistes du monde entier.

La découverte de l’existence de sources hydrothermales, en 1977, par des Américains, puis l’identification des suintements froids, en 2002, par des géologues, ont bouleversé le travail des biologistes. Ces deux milieux abritent en effet de très importantes communautés animales, totalement inconnues jusqu’alors.

Aujourd’hui, la mission d’exploration et de recensement de la biodiversité marine n’est plus une priorité. Se gardant d’entrer dans des débats de fond sur les orientations de la recherche, Michel Segonzac aimerait simplement inviter les jeunes à redécouvrir le travail de naturaliste.

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