Robert Ezraty, l'homme qui mesurait les vagues

S’il a quitté Marseille pour Brest, c’est parce que tout restait à faire, ici, pour appliquer la science à l’océan. « Nous étions une poignée, nous étions libres et un peu fous », raconte Robert Ezraty, dans son franc-parler chantant et parfois assassin. Des vagues à la glace en passant par le vent, il a toujours fait ce qu’il aimait, quitte à être parfois en marge des équipes d’océanographie physique. 

 
Originaire de Marseille, Robert Ezraty y prépare sa thèse de mécanique des fluides en tant qu’ingénieur instrumentaliste. En 1974, il gagne Brest et le Centre national pour l’exploration des océans, dont il garde un souvenir impérissable de l’ambiance fantasque et bon enfant des débuts.

Il travaille tout d’abord sur la houle, alors que les pétroliers commencent à s’intéresser à l’exploitation offshore et ne savent pas comment calculer leurs structures en fonction des états de mer. L’équipe instrumentation met une dizaine d’années à finaliser les bons capteurs pour mesurer les hauteurs, les périodes et la direction des vagues, ainsi que la vitesse et la direction des vents. Robert Ezraty évoque avec humour les fréquentes campagnes à la mer, de préférence par gros temps…

En 1978, le lancement du premier satellite d’observation américain ouvre l’aventure de l’océanographie spatiale. De 1980 à 1991, les scientifiques européens préparent le lancement de ERS 1. Il revient au centre brestois de l’Ifremer de mettre au point des instruments capables de mesurer vent et vagues de manière autonome et de les relier aux données relevées par les satellites. Robert Ezraty se retrouve ainsi responsable du projet d’étalonnage vent-état de la mer du satellite ERS 1. Il dit sa satisfaction d’avoir participé à la construction de l’Europe scientifique.

C’est par hasard que s’ouvre la troisième grande phase de sa carrière : un des capteurs du satellite, qui n’est pas conçu à cette fin, donne une signature de la glace ! Robert Ezraty et son comparse Alain Cavanié foncent dans la branche. Peu soutenus par la direction, ils persistent cependant. Un entêtement qui finit par être récompensé par un important soutien financier européen. Le programme informatique de calcul de dérive des glaces de l’Ifremer est aujourd’hui régulièrement utilisé et a de beaux jours devant lui.

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