Jean Boucher, l'écologue de la mer

 Sous des dehors pince-sans-rire, Jean Boucher doit être un idéaliste. Entré dans l’océanographie par nécessité, il y est resté « par vice », plaisante-t-il ; en réalité, il s’est employé à faire progresser le point de vue des écologues, qui pointent depuis bientôt quarante ans les pressions excessives exercées par l’homme sur son environnement. 

 

Jean Boucher dit avoir toujours perçu le côté fantasmagorique des missions originelles du Centre national pour l’exploitation des océans : découvrir l’océan et développer l’aquaculture pour nourrir la planète. Mais l’enthousiasme était là, et il a travaillé en ce sens, sans rien perdre de sa lucidité et de son humour.

Dès son arrivée à Brest, en 1969, ce biologiste a étudié les up-wellings, qui étaient alors à la pointe de la connaissance : il cherchait à comprendre le mécanisme physique qui entraîne ces remontées d’eau froide et détermine de fortes productions de plancton, soutenant ainsi la production de poisson des grandes pêcheries pélagiques. » Le sujet l’a occupé tout au long des années 70.

Là est intervenue la confirmation du diagnostic de surproduction des pêcheries. Le Cnexo, bientôt réuni avec l’Institut scientifique et technique des pêches maritimes au sein de l’Ifremer, s’est orienté vers l’étude des déterminismes de recrutement des stocks de poissons, sous l’impulsion de Jean-Paul Troadec. Jean Boucher est alors passé à la coquille Saint-Jacques. La biodiversité n’était pas loin, et progressivement, le biologiste océanographe s’est défini de plus en plus volontiers comme écologue.

Après un passage au centre de Nantes, il a regagné le Finistère, où il a clôturé sa vie professionnelle par un « grand défi » sur les liens entre changements climatiques et biodiversité dans le cadre du golfe de Gascogne, imaginé cette fois par Jean-François Minster. Pour Jean Boucher, la page de l’exploration est définitivement tournée : la sensibilité de la société aux problèmes d’environnement doit désormais guider la recherche en océanographie. Et s’il ne voit pas aujourd’hui quelles sont les bonnes pistes de travail, il reste confiant en la capacité d’adaptation des sociétés humaines.

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