Pierre Arzel, un goémonier au laboratoire

Pierre Arzel est de la côte nord du Finistère. La mer et le goémon sont ses racines, son enfance, son quotidien. Biologiste de formation, il défend une vision globale de la ressource, parce qu’il s’attache avant tout aux hommes qui s’intéressent aux algues. Qu’ils soient goémoniers, industriels, artistes ou chercheurs, tous sont liés par les algues. « Nous, les gens du goémon », dit-il comme une évidence. 

 

En 1971, Pierre Arzel a intégré la première promotion du DEA d’océanographie biologique de l’université de Bretagne occidentale, où il a présenté quelques années après une thèse sur les rejets de merlu et de langoustine dans le golfe de Gascogne, préparée à l’Institut scientifique et technique des pêches maritimes (ISTPM). Il est entré en 1976 au Centre national pour l’exploitation des océans (Cnexo) pour travailler sur la coquille Saint-Jacques. Mais en 1984, avec la création de l’Ifremer, il a fait du suivi de la ressource naturelle en algues son activité unique : il est devenu le « Monsieur Algue » de l’Ifremer, jusqu’à son départ à la retraite le 1er décembre 2007.

Il a participé à toute l’évolution de la profession, depuis l’instauration des carnets de pêche en passant par la mise en place du scoubidou. Il a été de toutes les commissions spécialisées et des audits sur la filière, totalement incontournable dans ce domaine. Il a rédigé une thèse d’Etat sur l’exploitation des algues en France, qui a donné naissance à l’ouvrage « Les Goémoniers » (1987, éditions du Chasse-Marée). Quand il parlait de son métier, Pierre disait « nous », voulant dire « les gens du goémon », qu’ils soient goémoniers, industriels, artistes ou chercheurs, tous liés par les algues.

Bibliophile passionné, il avait une culture maritime très vaste qui embrassait bien au-delà des algues, en français comme en breton. Toujours curieux, toujours soucieux d’approfondir ses connaissances, il courait les bouquinistes, les collectionneurs de cartes postales, achetait, lisait et même reliait ses livres. Ceux qui l’ont connu se souviendront de son petit sourire en coin et malicieux qui corrigeait sa discrétion habituelle.

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