Jean-Charles Poulard, biologiste du large

Des campagnes, il en a fait beaucoup. Elles l’ont mené de Saint-Pierre-et-Miquelon au golfe de Gascogne et en mer Celtique en passant par le Labrador et le Groenland. En route, Jean-Charles Poulard est passé de l’évaluation classique des stocks de morue à une approche plus large, axée sur l’organisation spatiale et la dynamique des communautés de poissons et l’étude de la biodiversité. Une évolution qui s’est nourrie de rencontres avec des chercheurs formés à des méthodes et à des outils nouveaux. 

Si la carrière de Jean-Charles Poulard s’est entièrement déroulée à l’Institut scientifique et technique des pêches maritimes, fondu par la suite dans l’Ifremer, elle n’en est pas moins marquée par une indéniable mobilité géographique. Entré à la station de Saint-Pierre-et-Miquelon comme technicien, il choisit de passer une maîtrise de biologie à Nantes avant de regagner l’archipel. Là, il a en charge l’évaluation des stocks de morue, souvent embarqué, constamment en contact avec les pêcheurs, et en prise avec un dossier complexe et politique : le conflit entre la France et le Canada autour de la délimitation de la zone économique exclusive de Saint-Pierre.

Le confinement finit par lui peser, ainsi qu’à sa famille. En 1987, il rejoint la station de Lorient, avec pour mission principale la réalisation des campagnes Evohé dans le golfe de Gascogne. Progressivement, l’évaluation des stocks à vocation commerciale se double d’une approche écologique des ressources, destinée à mieux connaître le fonctionnement des différentes espèces, leurs habitats et leurs interactions.

En gagnant Nantes en 1992, Jean-Charles Poulard fait le choix de se consacrer à l’étude des données de ces campagnes, dans le cadre d’un laboratoire où l’affichage « écosystémique » devient déterminant. Dorénavant, il passe plus de temps à monter des projets européens et à travailler avec des biostaticiens que sur l’eau.

Ayant sans doute assouvi son besoin d’affronter et d’arpenter la mer, il parle pour l’heure de s’ancrer dans la campagne nantaise. Par contraste peut-être avec le rude paysage de Saint-Pierre ?

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